Tanzanie – Dr. Livingstone

Livingstone et Stanley à Ujiji

Le ‘Dr Livingstone, I presume?’ lancé par Henry Stanley lors de sa rencontre avec Daniel Livinstone est légendaire. La scène a lieu le 10 novembre 1871 à Ujiji, dans le nord-ouest de la Tanzanie, à un jet de pierre de Kigoma et de la rive orientale du lac Tanganika.

Découvreur européen des chutes Victoria en 1855, le missionnaire anglais Livingstone entreprend en 1866 une nouvelle expédition en Afrique centrale afin d’établir la relation hydrique entre les chutes Victoria, le lac Tanganika et les sources du Nil. L’Occident perd rapidement sa trace. Parti à sa recherche, le journaliste américain Stanley trouve un Livinsgtone épuisé et malade, mais toujours hanté par sa mission exploratoire.

Ujiji aujourd’hui

J’ai visité récemment le site historique d’Ujiji: un monument sans grâce orné d’une plaque de bronze qui commémore le lieu de la rencontre entre Livingstone et Stanley sous un manguier. L’intérêt est ailleurs. Une classe d’élèves secondaires tanzaniens écoute sa leçon d’histoire à l’ombre d’un manguier né de l’auguste ancêtre.

Le duo explore ensuite le lac Tanganika

Dès le 16 novembre 1871, Livingstone et Stanley remontent en pirogue la rive du lac Tanganika jusqu’à Mugere, à une dizaine de kilomètres de Bujumbura ou ils séjournent les 25-27 novembre.

La Pierre de Livingstone et Stanley commémore aujourd’hui leur passage à Mugere, même si des Burundais y voient le lieu de leur rencontre initiale.

Le duo explore ensuite les affluents de la partie septentrionale du lac. Après quelques mois, Stanley rentre au pays pour relater ses aventures. Livingstone s’obstine. Il meurt de dysenterie le 4 mai 1873 en Zambie.

Victoire posthume pour Livingstone, 1873 marque aussi la prohibition officielle de la traite d’esclaves à Zanzibar, même si la pratique se prolonge en sous-main. Uzizi et Kigoma étaient une étape importante du commerce et du transit d’ivoire et d’esclaves noirs du bassin du lac Tanganika vers l’île de Zanzibar, puis vers le Golfe persique.

Grâce aux explorateurs de la trempe de Livingstone et Stanley, l’Europe déchiffre peu à peu les énigmes socio-géographiques de l’Afrique centrale, mais affermit également ses ambitions coloniales dans la région des Grands Lacs. Elle aurait pu mieux faire.

On ne refait pas l’histoire, je sais. Lors de ma visite à Ujiji et Kigoma, je ne peux m’empêcher de penser à l’accélération de l’histoire, même en Afrique. A l’époque de Livingstone et Stanley, les dangers et les difficultés du voyage en Afrique centrale sont incommensurables.

En 1871, les aides dévoués de Livingstone voyagent onze mois pour regagner Zanzibar depuis la Zambie en transportant la dépouille de l’explorateur. 134 ans plus tard, mon voyage sans histoire ni cadavre par la route et la piste de Bujumbura à Kigoma dure six heures, dont une consacrée aux formalités d’immigration.

Kigoma

Lovée dans une large baie du lac Tanganika, Kigoma est aujourd’hui une petite ville tranquille, vivant de pêche et surtout de commerce. Si l’esclavage n’y a plus cours, Kigoma commerce toujours fructueusement avec l’Est de la République démocratique du Congo et le Burundi. La forte majorité musulmane parmi la population locale témoigne encore de la présence arabe de l’époque.

On ne refait pas l’histoire, je sais. Lors de ma visite à Ujiji et Kigoma, je me surprends à penser que Livingstone et Stanley ont eu (presque) tout faux. Le journal du premier et le livre du second ne mentionnent aucunement le ciné Atlas d’Ujiji, pourtant aussi croquignolet que le cinéma Paradiso de Giuseppe Tornatore. A leur place, je me serais payé un bon film après tant de pénibles tribulations.

Poursuivant l’exercice critique, j’aurais choisi un autre endroit pour cette rencontre historique. Voici une alternative au manguier d’Ujiji qui, sans être forcément des sources du Nil, est source d’un indéniable plaisir hédoniste. Il s’agit d’une délicieuse petite plage au sable fin et ocre, située en bordure du lac Tanganika à proximité de Kigoma. Elle offre toute la discrétion et la sérénité nécessaires à l’événement.  Histoire de sabler le champagne sur le sable…

Bien à Vous,

By Bertrand

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