La Namibie est l’une des plus jeunes nations modernes du monde, ayant accédé à son indépendance politique en 1990 après un siècle de tutelle allemande puis sud-africaine. Par contre, sa géographie, sa végétation, ses populations animales et humaines nous renvoient dans les limbes de l’Histoire. Visiter la Namibie, c’est donc un peu remonter dans le temps pour traquer l’essence de l’âme africaine.
La Namibie exacerbe l’alchimie des quatre éléments fondamentaux – la terre, l’eau, l’air et le feu dont les convulsions forgent un paysage aussi rude et inhospitalier que divers et attirant. Elle est l’orpheline d’une scission d’un supercontinent dont la soeur constitue l’Amérique du Sud. Son écorce et son sous-sol ont été et restent façonnnés par une intense activité volcanique. Le magma, le sable, le vent, le soleil, la pluie y travaillent toujours à leur grand-oeuvre.
Le désert du Namib
Prenons le désert du Namib. Un puissant courant marin capture et transporte l’humidité de la côte atlantique namibienne vers l’Antarctique, asséchant du coup une aire grande comme deux fois la Suisse sur la côte ouest du pays. A l’échelle de l’histoire géologique du pays, les dunes du Namib sont jeunes. Cinq millions d’années posent une virgule dans l’éternité. Elles constituent pourtant le plus ancien désert au monde, installées sur un lit minéral bien plus ancien. Les dunes du Namib ne s’alanguissent toutefois pas sur un oreiller de paresse. Elles remodèlent sans relâche une fascinante géographie en mouvement perpétuel.
Le Namib impressionne. D’abord, la taille et la hauteur des dunes. Certaines dépassent 300 mètres de hauteur, un autre record mondial. Châteaux de sable, elles me rappellent pourtant ‘mes’ rocailleuses montagnes valaisannes. Ensuite la, plutôt les couleurs du sable: du crème tendre au noir charbonneux, avec une dominante ocre. Les scientifiques vous apprendront platement qu’il s’agit de quartz mâtiné de métaux oxydés et d’un zeste de mica. Pour moi, le Créateur a usé de toute sa palette picturale et de son talent artistique. Enfin, cette impression d’absolue solitude et quiétude qui nimbe les lieux, même s’ils ne sont pas déserts. Le monde animal y est un résident de longue date, l’humain un visiteur récent et plutôt éphémère.
Arrivé la veille au soir, mon premier contact avec le désert intervient aux premières lueurs de l’aube. La scène est magnifique. Dommage que le temps presse. On me dit que, plus loin, c’est encore plus beau.
Le désert du Namib voile pudiquement ses platitudes d’une gaze vert tendre, tissée par des pluies exceptionnellement abondantes cette année.
Les premières dunes pointent à l’horizon. Paysages extraordinaires à la douce poésie.
Je n’ai qu’effleuré la vie animale du désert. Elle ne se livre pas ainsi au voyageur pressé. truches. A part un orynx et une famille d’autruches, j’ai croisé une litanie d’insectes et de reptiles, certains plutôt sympathiques, d’autres franchement répugnants ou même dangereux, tels les scorpions.
Je me suis amusé comme un enfant dans le Namib. J’ai joué au sable, puis à cache-cache avec des acacias épineux asphyxiés voici 900 ans par le sable.
En quittant le désert du Namib, puissant et secret, j’éprouve on ne peut plus fortement le dilemme classique du voyageur – partagé entre l’euphorie de la découverte et le regret de ne pouvoir y consacrer davantage de temps. Le Namib se protège ainsi des visiteurs pressés. J’y reviendrai donc, avec la vie devant moi.
Bien à Vous,