Guinée Conakry – Flirt champêtre dans le Fouta

Kambadaga

Le dernier jour de l’année 2010, Bouba et moi rejoignons Kambadaga. La rivière Kokoulo y montre sa trempe et ses sautes d’humeur dans un décor naturel somptueux.

Au fil de l’eau, la rivière prend toute sa dimension. La franchir, même en basses eaux, se fait au moyen du pont suspendu, long, étroit et instable sous le pas. Au moins est-il solide. Las de remplacer fréquemment les lianes, les usagers les ont remplacé par un entrelacs de filins d’acier.

Sociologie villageoise

Après l’exercice de basse voltige, le sentier nous mène rapidement au village où nous passerons notre réveillon sylvestre. Il croise des des paysans aux allures parfois bourrues, mais néanmoins hospitalières.

Tant d’enfants. Tant d’amour pour les enfants, aussi. Car la famille est essentielle dans l’organisation sociale. Les rôles sociaux se dessinent très tôt.

Match de football

Les jeunes du village sont en effervescence en raison d’un match de football qui oppose deux équipes de la région. Un homme, l’arbitre de la rencontre sportive, m’invite cordialement à y assister.

Le terrain de football est clôturé d’une haie végétale ceinturée de stands de nourriture, comme dans tous les stades du monde. L’entrée est payante, destinée à couvrir les frais d’entretien du stade. A l’intérieur, un simple terrain de terre battue, bordé de quelques bancs de bois; sur les largeurs de l’aire de jeu, des buts microscopiques.

L’organisation y est étonnamment méticuleuse : arbitre et juges de ligne, entraîneurs, joueurs remplaçants, ball boys, autorités locales, supporters, badauds, sans oublier les incontournables vendeuses de nourriture.

La passion sportive ambiante n’a rien à envier à l’ambiance des grands stades. Quant au résultat, il importe peu. Disons que David n’a pas su défaire Goliath.

Relations de genre

Le village célèbre également un mariage. Nous n’en voyons pas grand-chose, hormis un déluge de nourriture en préparation et une litanie de villageois endimanchés convergeant vers la maison de la famille de l’époux. Plus tard dans la nuit résonne la déflagration d’un fusil de chasse, au moment de l’arrivée de l’épouse dans sa belle-famille.

Au Fouta-Djalon, le mariage est parfois l’opportunité pour l’épouse de transcender ses origines sociales. Pour le mari, souvent beaucoup plusâgé, c’est le moyen consacré d’élargir sa descendance et de démontrer sa richesse, sa virilité et son autorité. Le Coran lui permet jusqu’à quatre co-épouses s’il en a les moyens financiers.

L’Islam pratiqué dans le Fouta-Djalon est en essence assez ouvert et souple, même s’il est influencé aujourd’hui quelque peu par le wahhabisme. Un intégrisme doux mâtiné de solides coutumes culturelles locales. Le tout manque rarement de chaleur, mais jamais de piquant.

L’épouse risque la répudiation en cas d’infertilité, même non démontrée, de sa part. A elle incombe le fardeau de la preuve. La famille de l’épouse peut ainsi demander que le mari urine dans un seau rempli de sable. La profondeur du cratère démontrerait la virilité masculine, et ainsi l’origine de l’infertilité conjugale…

En début de soirée, nous installons notre campement pour la veillée sylvestre. Autour du feu, les jeunes hommes se font bavards. Leurs dragues champêtres impliquent de bonnes jambes, car ils marchent régulièrement trois heures en début de soirée et autant à l’aube pour gagner une discothèque à la mode dans la région. Les filles rencontrées là-bas en valent largement la peine, assurent-ils.

Flirt champêtre

Ce n’est pas pour ce soir. Leur plan pour la première journée de l’année 2011 est autre. Les rives de la rivière Kokoulo abriteront demain de nombreuses rencontres galantes de jeunes tourtereaux.

Je n’en saurai malheureusement pas davantage, sommé par la nouvelle année de quitter mon royaume pour regagner Conakry.

Lovely and caring people.

Bien à Vous,

By Bertrand

Trotting the globe with vision, values and humour